Créée à partir d’interférences lumineuses, l’holographique est un effet d’optique dont les différences de longueur d’onde, défauts d’origine, sont devenues de véritables atouts et notamment celui d’attirer immédiatement le regard.
On observe cette matière composée de reflets irisés dans la nature. C’est ce qu’on appelle l’iridescence. Sa principale caractéristique est la suivante : la surface de l’objet va changer de couleur en fonction de l’angle de vue et de l’éclairage, permettant ainsi d’apercevoir une multitude de nuances de couleurs, plus ou moins vives ou saturées. Le spectre lumineux est ainsi décomposé, nous laissant pour résultat des réflexions multi-chromatiques captivantes.
Le dichroïsme est une forme d’iridescence et s’appuie sur cette même caractéristique. Ce filtre a deux couleurs : une couleur transmise, quand la lumière traverse, et une couleur réfléchissante complètement différente, quand la lumière se reflète. Le filtre dichroïque s’applique sur une surface transparente, il absorbe ainsi peu la lumière et préfère séparer les couleurs. Certaines sont donc réfléchies et d’autres les traversent et à cette occasion interfèrent entre elles pour créer ces mêmes réflexions.
Comprenons que l’iridescence et le dichroïsme fonctionnent de la même manière mais ne s’appliquent pas de la même façon. Les deux utilisent l’angle de vue comme angle de perception mais l’un au travers de reflets irisés et l’autre depuis une surface translucide.
Cette tendance holographique est émergente et d’actualité. On parle de matières oniriques qui laissent rêveurs designers et architectes mais aussi stylistes et maquilleurs qui se prêtent au jeu de reproduction de ces lueurs atypiques. Elle se décline sous plusieurs supports et fonctions et accepte plusieurs rôles: attirer, dissimuler, structurer, homogénéiser. Le support sur lequel est appliqué le filtre dichroïque peut impacter notre vision des couleurs. Le plexiglas, le verre ou bien encore le laiton poli sont des surfaces transparentes, brillantes ou métalliques qui laissent passer et refléter la lumière.
L’architecte et designer espagnole Patricia Urquiola a quant à elle utilisé ce même procédé mais pour créer sa collection de meubles Shimmer. Les multiples dégradés se reflètent grâce à la transparence de la surface, apportant de la légèreté et dédramatisant un mobilier de designer initialement sérieux.
Bernard Bühler a choisi d’habiller de couleurs la façade de son projet La résidence Fulton, sur les bords de Seine à Paris. Le filtre dichroïque appliqué sur les gardes-corps en verre permet de rendre vivant le bâtiment. Il scintille de mille feux à toute heure de la journée, tout en conservant de l’intimité sur les balcons par l’effet de miroir. Le bâtiment est alors mis en valeur, sans dénaturer l’environnement, une véritable valorisation pour l’habitat et l’habitant.
L’iridescence a le pouvoir de s’accorder à son environnement.
Le revêtement en céramique nacrée et irisée comme sur le projet d’architecture Music Hall de Cor & Asociales permet d’avoir un bâtiment subtilement dynamisé et en constante évolution.
Les variations lumineuses s’accordent à la fois à mettre en lumière ce bâtiment qui se dégage du paysage, ou bien de le dissimuler et le faire se confondre avec les nuages.
Cette façade se lie également avec la structure originale du bâtiment créant une harmonieuse transition entre ancien et nouveau.
Une matière qui sait s’adapter en tout point.
Les limites des formes et des matières se rencontrent.
Continuons ce voyage expérimental où l’iridescence habille aussi le mobilier chez Six n. five, studio de design spécialisé en composition 3D.
Holo-Scandinave désigne une collection conceptuelle combinant comme son nom l’indique le design scandinave contemporain et l’effet optique holographique.
La matière accompagnée d’une forme organique, ajoute une dimension inhabituelle et futuriste au fauteuil signé Artur de Menezes.
Le monde du prêt-à-porter n’est pas passé à côté de cette inspiration holographique. Esthétique futuriste et audacieuse, cette tendance se marie avec tout !
Notre point vu permet de déterminer chaque couleur de cette création perçue différemment suivant l’angle de vue.
Comme pour nos intérieurs, ces pièces éveillent
des tenues classiques, ajoutent de l’originalité et accompagnent un corps en mouvement grâce à son jeu de lumières.
Les propriétés de ces nuances de couleurs, dans nos intérieurs sont bien nombreuses.
D’apparence complexe, l’holographique joue simplement avec notre perception. L’intensité lumineuse et les différentes matières en surface proposent des variantes à l’infini de ce spectre lumineux.
Cette subtilité offre une éternelle sensation de mouvement, un enrichissement perpétuel pour l’habitat car comme la perception est individuelle, les possibilités sont infinies.
Crédits photos :
Patricia Bustos, dressing room
Pravda, pavillon de la matérialité future
Féréol Babin, lampe Aurore
Patricia Urquiola, Sonar bathroom collection
Bernard Bühler, Fulton A5 A1
Patricia Urquiola, console Shimmer + table ronde shimmer
Cor & Asociales, Music Hall à Algueña
Six n. five, Holo-Scandinave
Byblos, Automne-Hiver Milan 2019
Fila, Printemps-Eté 202
Balmain, Automne 2018
Maison Margiela, Printemps-Eté 2018
